Le Pain volé, 1893



Y avait un pauvre ouvrier,
Laïoulaire et laïoulé !
Y avait un pauvre ouvrier,
Qui n’pouvait plus travailler.
Avait un gentil bambin
Laïoulaire et laïoulin !
Avait un gentil bambin
Qui lui disait : « P’pa, j’ai faim ! »


Chez un boulanger entra,
Laïoulaire et laïoula !
Chez un boulanger entra,
Prit un pain et s’ensauva.
Lboulanger l’avait guetté,
Laïoulaire et laïoulé !
L’boulanger l’avait guetté,
Tout d’suit’ le fit arrêter.


Pour ce vol phénoménal,
Laïoulaire et laïoula !
Pour ce vol phénoménal,
Comparut d’vant l’tribunal.
« Monsieur, si j’ai volé c’pain,
Laïoulaire et laïoulain !
Éditeur Meuriot
Monsieur, si j’ai volé c’pain,
C’est pour mon p’tit qu’avait faim ! »


L’tribunal le condamna,
Laïoulaire et laïoula !
L’tribunal le condamna,
A trois mois d’prison pour ça.
Apprenant la mort du p’tit,
Laïoulaire et laïouli !
Apprenant la mort du p’tit,
En prison, l’père se pendit.


Au tribunal du bon Dieu,
Laïoulaire et laïouleu !
Au tribunal du bon Dieu,
Parut avec son p’tit fieu.
« Monsieur, si j’ai pris ce pain,
Laïoulaire et laïoulain !
Monsieur, si j’ai pris ce pain,
C’est pour l’enfant qu’avait faim ! »


EPILOGUE
Au pauvre homme stupéfait,
Laïoulaire et laïoulait !
Au pauvre homme stupéfait,
Dieu dit : « Vous avez bien fait ! »

Paroles de Jules Jouy

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