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Le Triomphe de l’Anarchie, 1901

Tu veux bâtir des cités idéales
Détruis d’abord les monstruosités
Gouvernements, casernes et cathédrales
Qui sont pour nous autant d’absurdités
Dès aujourd’hui, vivons le communisme
Ne nous groupons que par affinités
Notre bonheur naîtra de l’altruisme
Que nos désirs soient des réalités


Refrain Debout, debout, compagnons de misère
L’heure est venue, il faut nous révolter
Que le sang coule et rougisse la terre
Mais que ce soit pour notre liberté
C’est reculer que d’être stationnaire
On le devient de trop philosopher
Debout, debout, vieux }
révolutionnaires } bis
Et l’anarchie enfin va triompher }


Empare-toi maintenant de l’usine
Du Capital, ne sois plus serviteur
Reprends l’outil et reprends la machine
Tout est à tous, rien n’est à l’exploiteur
Sans préjugés, suis les lois de Nature
Et ne produis que par nécessité
Travail facile ou besogne très dure
N’ont de valeur qu’en leur utilité
au refrain


On rêve amour au-delà des frontières
On rêve amour aussi de ton côté
On rêve amour dans des nations entières
L’erreur fait place à la réalité
Oui, la patrie est une baliverne
Un sentiment doublé de lâcheté
Ne deviens pas de la viande à caserne
Jeune conscrit, mieux te vaut déserter
au refrain


Quand ta pensée invoque ta confiance
Avec la science il faut te concilier
C’est le savoir qui forge la conscience
L’être ignorant est un irrégulier
Si l’énergie indique un caractère
La discussion en dit la qualité
Entends, réponds, mais ne sois pas sectaire
Ton avenir est dans la vérité
au refrain


Place pour tous au banquet de la vie
Notre appétit seul peut se limiter
Que pour chacun la table soit servie

Paroles de Charles d’Avray

Pierre-Joseph Proudhon

Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu… Être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C’est, sous prétexte d’utilité publique, et au nom de l’intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! 

Paul Nizan

Biographie de Paul Nizan

Paul Nizan, né le 7 février 1905 à Tours et décédé le 23 mai 1940 à Dunkerque, est un écrivain et philosophe français. Issu d’une famille bourgeoise, il entre à l’École normale supérieure en 1924, où il se lie d’amitié avec Jean-Paul Sartre et Raymond Aron. Influencé par la pensée marxiste, Nizan adhère au Parti communiste français (PCF) en 1927.

Après ses études, il devient journaliste et critique littéraire. Il collabore avec diverses revues et journaux, notamment « L’Humanité ». Sa carrière littéraire est marquée par plusieurs œuvres importantes, telles que « Aden Arabie » (1931), un récit autobiographique dénonçant le colonialisme et la bourgeoisie, « Les Chiens de garde » (1932), une critique acerbe des philosophes académiques, et « La Conspiration » (1938), un roman sur les désillusions de la jeunesse bourgeoise.

En 1939, désillusionné par le pacte germano-soviétique, Nizan quitte le PCF. En 1940, il s’engage dans l’armée française et meurt durant la bataille de Dunkerque.

Sa pensée

La pensée de Paul Nizan est profondément marquée par le marxisme, mais également par une critique acerbe de la bourgeoisie et des intellectuels qu’il considère comme les défenseurs du statu quo.

  1. Critique de la bourgeoisie et du colonialisme : Dans « Aden Arabie », Nizan dénonce les injustices du colonialisme et critique violemment la bourgeoisie, qu’il voit comme une classe hypocrite et oppressante. Il exprime un profond dégoût pour les valeurs bourgeoises, qu’il considère comme responsables de l’oppression et de l’injustice dans le monde.
  2. La dénonciation des philosophes académiques : Dans « Les Chiens de garde », Nizan critique les philosophes académiques qu’il accuse de trahir leur mission en se plaçant au service des classes dominantes. Il les qualifie de « chiens de garde » de la bourgeoisie, les accusant de détourner la philosophie de sa véritable vocation, qui est de questionner et de transformer la société.
  3. Engagement politique : Initialement engagé au PCF, Nizan croit en la révolution prolétarienne comme moyen de transformer la société. Cependant, son désenchantement face au pacte germano-soviétique montre une certaine complexité et évolution de sa pensée politique. Il est critique envers le stalinisme et s’interroge sur la voie à suivre pour le communisme.
  4. Individualité et engagement : Nizan met également en avant l’importance de l’engagement individuel. Pour lui, l’intellectuel doit prendre parti et s’engager activement dans les luttes politiques et sociales, refusant de se contenter d’une position de spectateur.

La pensée de Paul Nizan, bien que fortement influencée par le marxisme, se distingue par une critique radicale de la bourgeoisie et des intellectuels, ainsi que par un appel à l’engagement et à l’action politique. Ses écrits, empreints de colère et de révolte, restent un témoignage puissant de son époque et de ses luttes.

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